Les coupures de courant décidées par les fournisseurs d’énergie ont grimpé de près de 20% au premier semestre quand celles de gaz s’envolaient de 10%. Le médiateur de l’énergie dénonce une situation inquiétante.
Les Français ont de plus en plus de mal à payer leurs factures d’énergie. C’est le constat alarmant que dresse ce mardi le Médiateur national de l’énergie. Selon les données que lui ont été transmises par les fournisseurs d’énergie, le nombre de coupures d’électricité a bondi de 18% et celui de gaz naturel s’est envolé de 10% au premier semestre par rapport à la même période en 2018. Les sollicitations auprès du service d’information du médiateur, Energie-Info, ont plus que doublé, «signe de l’impasse dans laquelle se trouvent les consommateurs». Le médiateur craint qu’en 2019, «le nombre d’interventions pour impayés, coupures ou réductions de puissance, dépasse les 572.440 réalisées en 2018».
Les Français qui se retrouvent privés d’énergie font face à des situations souvent similaires comme une facture de régularisation imprévue dont le montant est trop élevé, un accident de la vie ou l’installation dans un logement énergivore. D’après l’observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), près de sept millions de ménages sont considérés comme étant en situation de précarité énergétique. Plongés dans le noir, éclairés à la bougie, dans l’incapacité de chauffer leur nourriture…Les conséquences sont pour eux dramatiques.
Des hausses de tarifs successives
Tous peinent à suivre le rythme régulier des hausses de tarifs, selon le médiateur. En juin dernier, les tarifs réglementés de l’électricité ont encore augmenté de 5,9%. Une hausse qui a concerné tous les consommateurs résidentiels abonnés au tarif bleu d’EDF, soit 25,6 millions de foyers. Estimée à 85 euros par an pour un foyer qui se chauffe à l’électricité, cette énième augmentation avait été vivement dénoncée par Jean Gaubert avant son entrée en vigueur. «Les gens en situation de précarité vont se retrouver dans une situation beaucoup plus compliquée», prévenait-il, exhortant le gouvernement à ne pas l’appliquer. En vain.
Les tarifs de l’électricité ont même encore augmenté de 1,23% au 1er août et devraient poursuivre leur ascension l’an prochain. Le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Jean-François Carenco, annonce une augmentation probable de 4% des tarifs réglementés en février. Les prix du gaz ont revanche diminué de 0,5% en août après une baisse de 6,2% en juillet mais ils devraient remonter en fin d’année.
Outre ces hausses successives de tarifs, Jean Gaubert dénonce dans les colonnes du Parisien-Aujourd’hui en France un durcissement de la politique de gestion des impayés des fournisseurs. Des distributeurs d’énergie qui se pressent par ailleurs de sanctionner les mauvais payeurs avant la trêve hivernale qui doit débuter le 1er novembre pour s’achever en mars. Les coupures sont interdites durant cette période.
Accentuer la lutte contre les passoires énergétiques
«L’augmentation des interventions pour impayés depuis le début de l’année m’inquiète. J’appelle les fournisseurs à un meilleur accompagnement de leurs clients en difficultés, en les informant sur les aides disponibles et leurs recours. Et, comme l’exige la réglementation, tous les fournisseurs doivent désigner un correspondant solidarité-précarité pour les relations avec les services sociaux et les associations de consommateurs», rappelle Jean Gaubert dans un communiqué. Il appelle également le gouvernement à «renforcer les mesures visant à faire disparaître les passoires énergétiques».